lundi 11 janvier 2010

Yon vyé panyol wi!

Filibert et sa femme Jhessie, étaient mariés depuis "dig d'antan", et se retrouvaient maintenant réduits à vivre tout seuls, après avoir marié leur dernier garçon.
Chaque soir, elle attendait amoureusement Filo avant de servir le souper, même lorsqu'il lui arrivait de rentrer tard. Il faut dire qu'elle et lui formaient encore un couple d'amoureux pleins de tendresse l'un pour l'autre, aussi bien qu'aux premiers jours.
Or voilà-t-il pas qu'un soir, une prétendue amie crut necessaire de téléphoner à Jhessie, pour lui répéter ce qu'elle venait d'entendre dire sur son mari:
"--On a vu ton Filo arrêter sa voiture et prendre avec lui une passagère jeune et jolie, qui portait une jupe si courte, qu'elle laissait tout voir (Sic). Ne se sachant pas suivi, Filibert avait fait demi-tour au milieu de la rue [un intrépide tête-à-queue], puis filé avec elle jusqu'à Martissan, pour s'engager dans une ruelle sordide, s'arrêtant finalement devant une maisonnette, dont l'enseigne où brûlait en permanence une ampoule rouge, vantait 'Las olas tranquilas', un nom qui, selon mon informatrice, était évocateur de dévergondage. Je ne t'en dirai pas plus, mais je pense que tu aurais intérêt à apprendre à bien garder ton homme!"
Lorsqu'il arriva chez lui ce soir-là, Filibert étant étonné que Jhessie ait dîné sans lui, s'était attablé sans elle, espérant toutefois qu'elle viendrait lui tenir compagnie. Quand il eut terminé son repas, il replia sa serviette, puis s'approcha de sa femme, qui regardait la télé, et avait affecté d'ignorer sa présence dans la maison.
"--Alors Chérie, qu'est-ce qui ne va pas? Je comprends que tu ne m'aies pas attendu pour dîner mais, pourquoi as-tu brusquement l'air de me fuir ? "
Alors elle lui répondit du tac au tac, par cette question:
"_Qui est cette blonde avec laquelle on t'a remarqué cet après midi, et que tu as raccompagnée jusque chez elle ... dans notre voiture? [elle avait littéralement éclataté en sanglots en lâchant ces trois derniers mots].
Demeurant interdit, puis son audace inouïe aidant, Filibert répliqua avec tout son naturel:
"--Wi fout! [Oh Zut!] Qui a bien pu te rapporter ces ragots? D'abord, il ne s'agissait pas d'une blonde, mais plutôt d'une grimelle [chabine] ; Yon vyé panyol-wi, si-w vlé konnen!" [Une vieille latino, si tu veux savoir!"]
Alors, essuyant ses larmes du revers de la main, Jhessie sourit à son homme et, le prenant par la main, l'entraina dans l'escalier où ils s'embrassèrent sur chaque marche, les baisers de Filo faisant une drôle de musique [probablement à cause du dentier qu'il portait depuis deux jours].
Dans leur chambre à coucher, ignorant souverainement leurs rhumatismes, ils s'aimèrent toute la nuit, tandis que Jhessie rayait de la liste de ses amies le nom de son informartrice.

dimanche 10 janvier 2010

Chut! Ma femme dort là-haut!

Noceur impénitent, mon voisin Filibert avait juré à sa femme Yvonne, devenue sage trop tôt à son goût, qu’il n’avait nullement l’intention de vieillir avec elle. Il sortirait chaque soir, ce qu’il lui annonça “solennellement”, afin qu’elle ne l’ignore.
A toutes les fois, il avait soin de lui dire en partant, et avec une bise sur le front, qu’il rentrerait tôt ; or tous les soirs, elle semblait toutefois étonnée:
“--Tu sors ?”
“--M’oui,Yvonne, je sors ; mais tu le sais bien. Je vais faire ma partie de bézigue avec ces messieurs …”
La pauvre n’étant pas du genre à contrarier son mari, n’avait jamais osé lui demander qui étaient “ces messieurs” auxquels il se référait. En réalité, ces amis existaient parfaitement, et se reunissaient chez Paulo chaque soir, autour d’une table de jeu, sauf Filibert, qui allait un peu plus loin, mais ne souhaitait pas que sa voiture soit repérée dans l’aire de stationnement d’une maison close, notre soi-disant joueur se garait chez Paulo, qui possédait une bogota [vieille bagnole] et le conduisait, moyennant quelques litres d’essence en échange de ce service, à "La Diosa del Mar", une maison close où l‘attendait sa “protégée“ pour un petit entretien à huis clos. Le fidèle Paulo le ramenait ensuite, après quoi il remontait dans sa voiture pour rentrer au bercail, tandis que Paulo regagnait sa place autour de la table de jeu.

Un soir de beuverie, Filibert avait poussé son audace à introduire une catin dans le domicile conjugal. En entrant dans le rez de chaussée sur la pointe des pieds, il chuchota à cette dernière qu’il ne fallait absolument pas faire de bruit:

“--Chut ! Ma femme dort là-haut !”

Ce qui précède serait dépourvu d’intérèt si l’intrépide Filibert n’avait invité son Yvonne au restaurant pour célébrer leur anniversaire de mariage. Or, au retour de ce repas durant lequel ils avaient dansé joue contre joue, Filibert, qui avait un peu trop bu, chuchota ces mots en passant le seuil du rez-de-chaussée:

“--Chut ! Ma femme dort là-haut !“

Chut ! Ma femme dort là-haut !


Noceur impénitent, mon voisin Filibert avait juré à sa femme Yvonne, devenue sage trop tôt à son goût, qu’il n’avait nullement l’intention de vieillir avec elle. Il sortirait chaque soir, ce qu’il lui annonça “solennellement”, afin qu’elle ne l’ignore.
A toutes les fois, il avait soin de lui dire en partant, et avec une bise sur le front, qu’il rentrerait tôt ; or tous les soirs, elle semblait toutefois étonnée:

“--Tu sors ?”
“--M’oui,Yvonne, je sors ; mais tu le sais bien. Je vais faire ma partie de bézigue avec ces messieurs …”

La pauvre n’étant pas du genre à contrarier son mari, n’avait jamais osé lui demander qui étaient “ces messieurs” auxquels il se référait.
En réalité, ces amis existaient parfaitement, et se réunissaient chez [l'ami Paulo] chaque soir, autour d’une table de jeu, sauf Filibert, qui allait plus loin, mais ne souhaitant pas que sa voiture fût repérée dans l’aire de stationnement d’une maison close, notre soi-disant joueur se garait chez Paulo, qui possédait une bogota [vieille bagnole] et le conduisait, moyennant quelques litres d’essence en échange, à la "Diosa del Mar", une maison close où l‘attendait sa “protégée“ pour un petit entretien à huis clos. Le fidèle Paulo le ramenait ensuite, après quoi il remontait dans sa voiture pour rentrer au bercail, tandis que Paulo regagnait sa place autour de la table de jeu.
Un soir de beuverie, Filibert avait poussé son audace à introduire une catin dans le domicile conjugal. En entrant dans le rez-de-chaussée sur la pointe des pieds, il chuchota à cette dernière qu’il ne fallait absolument pas faire de bruit:

“--Chut ! Ma femme dort là-haut !”

Ce qui précède serait dépourvu d’intérèt si l’intrépide Filibert n’avait invité son Yvonne au restaurant pour célébrer leur anniversaire de mariage. Or, au retour de ce repas durant lequel ils avaient dansé joue contre joue, Filibert, qui avait un peu trop bu, chuchota ces mots en passant le seuil du rez-de-chaussée:

“--Chut ! Ma femme dort là-haut !“